Chroniques de Plantes ...

Au pays des Sauges

Au pays des Sauges, 2 d’entre elles ont su inspirer la quasi-totalité des us et coutumes populaires.

27/9/22
Au pays des Sauges

La Sauge appartient à la famille des Lamiacées (Liamiaceae) encore couramment appelée Labiées.

Au pays des Sauges, 2 d’entre elles ont su inspirer la quasi-totalité des us et coutumes populaires : il s’agit de la Sauge Officinale (Salvia Officinalis L.) et de la Sauge Sclarée (Salvia Sclarea L.), ce phénomène étant dû, très certainement, à leur reconnaissance d’un point de vue alimentaire et médicinal. 

Le nom de Sauge découle du latin « Salvus » qui signifie « en bonne santé » terme provenant lui-même du latin Salvare = sauver, expression qui lui fut donné du fait de ses vertus médicinales.

Sur l’origine de la Sauge Sclarée certains suggèrent que ce nom viendrait de son feuillage : clair et brillant, alors que pour d’autres celui-ci serait originaire d’Italie et serait lié à son utilisation pour soigner les maux oculaires « On n’en met une semence sur les yeux malades, et on ne l’ôte pas tant que la nébulosité ne soit passée » Cazin et Rolland.

La fleur de Sauge est particulièrement typée : elle possède une corolle en forme de tube allongé qui se termine par 2 lèvres colorées, et est classée par les botanistes dans la catégorie des « zygomorphes » (à symétrie bilatérale). Elle possède également 2 étamines tout à fait adaptées à la longue trompe de certains insectes suceurs comme les papillons, favorisant ainsi sa pollinisation. Disposées en panicules, les fleurs très décoratives, sont de couleur rose violet pour la Sauge sclarée et blanc violet pour la Sauge Officinale.

Au niveau symbolique, le souhait profond de la sauge serait de « rendre l’homme immortel », du moins selon les anciens traités médicaux. Pas étonnant vu le choix de son nom « celle qui sauve » même si à l’époque égyptienne et romaine il apparaît clairement que le terme « immortalité » n’avait pas le même sens que celui que nous lui accordons aujourd’hui : les subtilités de la reproduction et les croyances sur le grand passage étant envisagés, à l’époque, de manière beaucoup moins scientifique. 

Chez les druides gaulois, la sauge était capable d’arrêter toutes les maladies, c’est d’ailleurs pourquoi elle intervenait dans de nombreux rituels païens ou magie et médecine traditionnelle se mêlaient joyeusement. Les Indiens du Nouveau Continent, eux, l’employaient en tant qu’encens dans leurs cérémonies, car le pouvoir purificateur de sa fumée permettait d’éloigner les mauvais esprits ou les mauvais sentiments, en créant une bulle de protection autour des participants. Les espèces utilisées étaient le plus souvent la Sauge Officinale ou la Sauge Blanche.

D’un point de vue historique, force est de constater que les civilisations passées vouaient un culte véritable à « celle qui sauve »; Les anciens l’employaient pour éloigner les plus mauvaises fièvres mais aussi pour favoriser la fécondité des femmes, ainsi à toutes celles ne pouvant avoir d’enfant, les Egyptiens et les Romains préconisaient le traitement suivant : « 4 jours sans contact charnel avec l’homme. Durant cette période, la femme doit boire en cure une quantité importante de jus de sauge. Le 5 me jour,le couple se retrouve et l’étreinte qui en découle aboutit sans contexte à une grossesse »il nous faudra attendre le 20siècle pour comprendre un phénomène que les anciens connaissaient d’expérience : la Sauge contient des œstrogènes !

Au niveau chimique La composition des 2 Sauges, Officinale et Sclarée est quasi similaire sauf pour les huiles essentielles qui diffèrent selon l’espèce. Elles contiennent des tanins et composés phénoliques dont l’acide rosmarinique (le « Tanin des Labiées »), une essence : Bornéol, Salviol (camphre de sauge), Cinéole, Salvène, Salvone, Thuyone (présent chez la Sauge officinale (35 à 50%) quasi absent chez la Sauge sclarée), des Triterpènes et Diterpènes.

En usage traditionnel et pour plus de facilité d’utilisation (absence de Thuyone), il est conseillé de favoriser l’emploi de la Sauge Sclarée.

Activité œstrogène-like : bien que les mécanismes et les composés responsables de cette activité ne soient pas encore clairement identifiés, la Sauge sclarée est considérée comme une plante de relance oestrogénique au niveau ovarien, par stimulation des récepteurs oestrogéniques α et β. Emménagogue, elle stimule notamment le flux sanguin dans la région pelvienne et elle régule le cycle menstruel. Elle serait antigalactogène ce qui signifie qu’elle stoppe la production de lait. La Sauge sclarée induit une action bénéfique sur le syndrome prémenstruel et les bouffées de chaleur de la femme ménopausée. 

Propriétés antispasmodiques : La sauge sclarée est antispasmodique par voie interne (en réduisant les spasmes pouvant être provoqués par l’acétylcholine ou la sérotonine), cholérétique (elle favorise la sécrétion biliaire) et cicatrisante par voie externe.

Activité sur le système nerveux : L’acide carnosique et le carnosol, présents dans la sauge, exercent une activité antioxydante, anti-inflammatoire et anticancérigène, ainsi que des effets neuroprotecteurs dans des modèles expérimentaux in vitro et in vivo. Certaines études ont démontré qu’elle réduisait l’excès de tension artérielle en situation de stress. Elle est également relaxante, anxiolytique et anti-anxiodépressive.

Propriétés anti-infectieuses : au niveau dentaire, l’extrait aqueux de sauge inhibe l’enzyme responsable de l’activité collagénolytique de Porphyromonas gingivalis, une bactérie présente dans la bouche et impliquée dans les parodontites sévères de l’adulte. Cette action étant due à la présence d’acide rosmarinique.

L’extrait à l’acétone des parties aériennes de sauge sclarée possède également une activité antibactérienne contre Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli et Enterococcus faecalis.

Principales indications :

  • Insuffisance estrogénique aux différentes étapes de la vie de la femme : puberté, périménopause et ménopause
  • Hyperandrogénie par insuffisance oestrogénique (pouvant être à l’origine de l’acné)
  • Dépression post-partum
  • Action trophique sur la muqueuse vaginale et la flore de Döderlein
  • Parodontose, halitose, aphtes, muguet, herpès buccal
  • Troubles cognitifs 

Tisane : infuser 1 à 3 g de feuilles séchées pendant 10 mn dans de l’eau très chaude (80 à 90°). Utiliser en gargarismes 5 fois par jour ou 2 à 3 fois par jour par voie orale.

Contre-indications : Hypersensibilité aux substances actives, ne pas utiliser en cas de cancer (ou d’antécédents) hormonodépendants, ni si hyperœstrogènie, grossesse, allaitement. La Sauge officinale n’est pas recommandée en cas d’antécédents d’épilepsie, chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans. L’utilisation de l’HE de Sauge Officinale est formellement contre-indiquée !

A l’inverse de la Sauge Officinale, la Sauge Sclarée (hormis les contre-indications citées plus haut) ne présente aucune toxicité connue à ce jour. 

Sources :

« Grand manuel de Phytothérapie » d’Eric LORRAIN

« Au pays des Sauges » Bernard BERTRAND collection « Le Compagnon Végétal »

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19831048/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23444964/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26553346/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28510825/

https://agris.fao.org/agris-search/search.do?recordID=TR2004000206

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25243877/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17416571/

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