La révolution "Sans Soutif"…lubie ou réel bénéfice santé ?

Depuis des siècles maintenant, le corps des femmes est enfermé dans un carcan. Tout d'abord, emmaillotée dans des bandages à l’époque antique, la poitrine des femmes fut ensuite (à partir du XVIIIème siècle), emprisonnée dans les fameux corsets à baleines. C’est ainsi au prix de grandes souffrances (troubles de la digestion, douleurs dorsales, difficultés pour respirer, atrophie musculaire abdominale…) que les femmes s’accordèrent aux standards de beauté de l’époque : une taille outrageusement fine et une poitrine généreuse voire « débordante ». Fort heureusement, en 1987, Herminie CADOLLE, ouvrière corsetière, amie de Louise MICHEL (militante anarchiste, pionnière du mouvement féministe) décida d’alléger le martyr des femmes en découpant en 2 le fameux corset. Elle abandonna la partie qui torturait le bas ventre, conserva celle qui soutenait les seins et lui ajouta une armature : L’une des pièces emblématiques de la lingerie féminine était née, tout d’abord désignée sous le nom de « corset-gorge » puis de « maintien-gorge » pour devenir, quelques années plus tard le « soutien-gorge » que nous connaissons toutes.

Depuis, qu'il soit en dentelle, transparent, push up ...il est clair que le soutien-gorge s'est imposé dans le paysage de la mode jusqu'à être considéré par beaucoup (hommes et femmes) comme l'incontournable accessoire de séduction "the must have". Mais savez-vous qu'il fut aussi, durant la révolution sexuelle (dans les années 70), utilisé comme outil de propagande par les féministes de l’époque qui le percevaient comme un symbole d’oppression ? : la légende raconte que lors d’une manifestation organisée en 1968 à Atlantic City contre l’élection de Miss America qu’elles jugeaient rétrograde, 400 féministes auraient jeté dans une « poubelle de la liberté » «freedom trash can » tous les stéréotypes féminins qu’elles possédaient : bigoudis, faux cils, gaines…et bien sûr soutien-gorge.

De nos jours, et bien que le soutien-gorge demeure plébiscité par de nombreuses femmes convaincues qu’il offre une réelle fonction de soutien de la poitrine, une autre tendance, popularisée par certains acteurs dans les années 2010 (notamment la féministe américaine Moira Johnson et le mouvement "Free the Nipple", textuellement "libérez le téton", lancé en 2012 par Lina Esco) semble s’affirmer : le mouvement « no Bra » « sans soutif » qui invite les femmes à remiser au fond du placard, leur push-up, Wonder Bra et autres soutien-gorge plus ou moins sophistiqués.

Mais, cette tendance est-elle dictée uniquement par le désir de rejeter un rituel esthétique conventionné par un idéal sociétal devenu obsolète ? ou avons-nous enfin pris conscience que le port du soutien-gorge soulève avant tout une problématique santé ?

Rappels anatomiques :

Notre corps est composé d’un réseau de circulation très complexe : constitué d’artères, de veines et du système lymphatique dont l’un des principaux rôles est de filtrer et d’évacuer nos déchets. il favorise également la bonne circulation des nutriments et participe à la bonne santé de notre système immunitaire (via les tissus lymphoïdes et les ganglions lymphatiques) et de nos cellules.

Chaque sein occupe, de son côté, une fonction biologique particulière qui est de produire du lait afin de nourrir un nouveau-né. Il est composé d’une glande mammaire, elle-même formée de 15 à 20 compartiments contenant des lobules (qui produisent le lait), des canaux (chargés du transport du précieux breuvage) et du tissu graisseux. Le sein renferme également du tissu de soutien constitué de vaisseaux, de fibres et de graisse.

La poitrine est enfin parcourue par un riche réseau de vaisseaux sanguins, de vaisseaux lymphatiques et de ganglions lymphatiques. Ce système lymphatique qui entoure la région mammaire est très important puisqu’il permet la filtration de la lymphe, un processus essentiel dans la protection du sein : la lymphe se charge des agents infectieux qu’elle croise en cheminant vers les ganglions, où les éléments pathogènes sont éliminés (par l'intermédiaire des ganglions auxiliaires, situés dans le creux de l'aisselle, au-dessus et sous la clavicule, des ganglions sus-claviculaires, sous-claviculaires et des ganglions mammaires internes qui se trouvent autour du sternum).

Or le soutien-gorge, par la pression constante qu’il exerce, inhibe la circulation lymphatique car en comprimant ainsi le sein, le réseau interne des vaisseaux chargés d’évacuer les résidus toxiques de notre corps se retrouve bloqué, ce qui favorise l’accumulation des déchets (notons que cette compression sera, selon les moments du cycle, plus ou moins forte du fait que le volume des seins, soumis à l’influence hormonale varie constamment). Ce phénomène pourrait, selon les études, favoriser l’apparition de certaines pathologies, comme les kystes mammaires tout en créant un environnement favorable au développement du cancer du sein chez les personnes prédisposées.

De plus, le port systématique du soutien-gorge, en rendant notre système de suspension « paresseux » peut lorsqu’il est associé à un mode de vie sédentaire (sans activité physique) et à l’âge (après 50 ans les disques perdent leur élasticité), favoriser l’affaissement du dos et l'apparition des troubles qui en découlent (lombalgie par exemple).

Et les seins qui tombent alors ?

Il existe des exercices simples bien plus efficaces que le soutien-gorge si l’on souhaite raffermir ses seins, comme par exemple :

·       Solliciter ses pectoraux à travers des exercices physiques (gainage, pompes…)

·       Terminer la douche par un jet d’eau froide. Cette méthode demeure la meilleure manière de tonifier sa poitrine ! bon c’est vrai il faut du courage, mais c’est un geste important puisque le choc thermique qu’il crée va raffermir les tissus

·       Masser les seins avec de l’huile végétale (la peau des seins est fragile et doit être correctement hydratée et nourrie pour demeurer ferme). Pensez enfin à gommer régulièrement votre poitrine avec un exfoliant très doux en évitant les mamelons.

En résumé, le port du soutien-gorge n’est pas un acte anodin, pensez-y !

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