Chroniques de Plantes ...

Le Sureau Noir (Sambucus Nigra)

Les humbles trésors du Sureau renferment de nombreuses propriétés bienfaitrices pour la santé

13/8/22
Le Sureau Noir (Sambucus Nigra)

Noms vernaculaires : Sureau noir, grand sureau, arbre de Judas

Le sureau noir peut se présenter comme un arbuste (qui ne dépasse pas les 7m et possède un tronc unique) ou arbrisseau (ne dépasse pas les 5m et possède plusieurs troncs qui partent de sa base) de la famille des Adoxacées « Adoxaceae ». Son nom latin « Sambucus » fait référence aux petites flûtes «sambúkē ou sambuca» que les gardiens de troupeaux grecs taillaient dans son bois tendre. En effet, après avoir retiré la moelle blanche de l’intérieur des tiges, elles deviennent creuses et peuvent être transformées en flûte pour faire de la musique.

Le terme français de sureau vient quant à lui de « seu », « seür », « sur », qui veut dire « acide ».

Ses feuilles caduques sont opposés et composées de 5 à 7 folioles dentées « imparipennées » (ce qui signifie qu’elles sont constituées d’un nombre impair de folioles) qui dégagent une odeur musquée désagréable si vous les froissez sous votre nez. Ses inflorescences de couleur blanche, sont en revanche odorantes et disposées en corymbes, larges d’environ 20 cm. Les fruits sont de petites baies globuleuses que l’on se fera un plaisir de récolter en juillet et août, lorsqu’ils sont mûrs, bien noirs et gorgés d’un jus violet foncé, qui tâche.

Le Sureau aime les sols frais et humide, riches en azote. On peut le trouver généralement dans les fourrés, les bois, les haies, dans les vieux jardins abandonnés, cours d'usines, ruines de bâtiments désaffectés …le plus souvent des lieux fréquentés par l’homme.

Le Sureau histoire et légendes : le sureau est une espèce très ancienne (l’on retrouve des traces de son utilisation à des fins médicinales dans certains documents de la Grèce antique) qui abrite un champignon appelé « Oreille de Judas » ce qui a très certainement participé à la légende selon laquelle Judas se serait pendu à ses branches après avoir trahi Jésus, donnant à cet arbre une symbolique de mort injustifiée. Les celtes, quant à eux, l’associaient volontiers à La fête de Samhain (ou Samain), célébrée 3 jours avant le 31 octobre et 3 jours après, soit du 29 octobre au 4 novembre, raison pour laquelle elle est souvent considérée comme étant l’ancien nom celte d’Halloween.

La fête de Samhain symbolisait l’entrée dans la saison sombre, qui succédait à la saison claire (l’année chez les celtes à l’époque était divisée en seulement 2 saisons et non 4 comme nous les connaissons aujourd’hui). Cette courte période de transition célébrait le début d’une nouvelle année, qui coïncidait avec la fin des moissons. C’était une des 4 fêtes religieuses celtes avec Beltaine (passage de la saison sombre à la saison claire), Imbolc (fête de la purification) et Lugnasad (fête royale célébrant la prospérité et l’abondance durant les récoltes). Dans la société celtique, elle représentait à l’image du Sureau, la mort mais aussi la renaissance et il était coutume de régler l’ensemble des conflits, d’honorer ses dettes, de mettre fin aux conquêtes durant cette période. 

D’autres considèrent le sureau comme une Fée bienfaitrice « la vieille mère » qui protège et veille sur le bonheur de ceux qui lui réservent une place auprès de leur porte ou viennent la consulter. 

Mais les cueilleurs de simples, eux,  dont l’oreille reste constamment à l’écoute des bois et dont la main demeure toujours verte, savent depuis longtemps qu’au-delà des histoires et légendes autour du Sureau, ses humbles trésors renferment de nombreuses propriétés bienfaitrices pour notre santé.

D’un point de vue chimique, les baies de sureau sont essentiellement constituées de :

  • Polyphénols (hétérosides flavonoidïques et anthocyaniques)
  • De l’huile essentielle (dont des Esters)
  • De vitamines (A, B1, B2, B5, B6, B9 et C)
  • D’acides organiques (malique et citrique)

Ses principales propriétés :

Le sureau possède une activité antivirale, particulièrement active contre le virus H1N1 (grippe A) du fait de sa teneur élevée en flavonoïdes, qui, en se liant à l’agent pathogène, empêche ce dernier de pénétrer dans la cellule. Il s’avère également efficace dans la prise en charge de l’herpès, de la grippe B, du coronavirus aviaire (IBV)…

C’est un antibactérien naturel utile dans la prise en charge des infections touchant la sphère respiratoire haute. Il peut de ce fait être, dans certains cas, une excellente alternative aux antibiotiques dans des épisodes de rhume ou d’état grippal léger.

Il possède des propriétés antioxydantes, en protégeant les cellules du stress oxydant, réduit le risque athérogène en diminuant la péroxydation lipidique, en neutralisant les radicaux libres et en inhibant l’oxydation du LDL (« mauvais » cholestérol) grâce, notamment, au maintien du pool d’enzymes antioxydantes comme la glutathion peroxydase et la superoxyde dismutase. L’extrait de sureau protège également l’hémoglobine contre la glycation. Certaines recherches ont de plus, mis en évidence chez le sureau, des propriétés antidiabétiques par un effet insulin-like (ce qui signifie qu’il “mime” l’activité de l’insuline pour faire rentrer le sucre dans les cellules cibles, diminuant ainsi la glycémie) et par un effet sur la sécrétion d’insuline.

Il exerce enfin une action anti-inflammatoire et immunostimulante. Dans l’asthme, des études sur l’animal ont révélé que ses anthocyanes réduisaient non seulement l’hyperréactivité des voies aériennes par diminution de la réponse Th2 (IL-4, IL-13…) mais également l’expression des cytokines pro-inflammatoires.

Sur les personnes sensibles, le sureau peut avoir un léger effet laxatif, en revanche il ne présente ni contre-indication, ni interactions médicamenteuses connues à ce jour.

Par précaution, son usage demeure cependant déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’aux enfants de moins de 12 ans.

Ne pas dépasser une semaine d’utilisation.

Indications :

En interne l’infusion de fleurs de sureau peut être efficiente en cas de troubles respiratoires (rhume, bronchite, asthme…), de troubles ORL (otite, sinusite…), de fièvre ou encore de troubles urinaires.

Mode de préparation de l’infusion de fleurs séchées : recouvrir environ 40 à 50g de fleurs séchées d’un litre d’eau bouillante, couvrir et laisser infuser 10 mn. Boire 3 à 4 bols dans la journée si rhume, état grippal, fièvre ou bronchite.

Le sirop de Baie de sureau : éliminez les pédoncules des baies, et rincez les à l’eau claire. Remplissez un récipient d’eau froide, ajoutez-y vos baies. Celles qui remontent à la surface n’étant pas arrivées à maturation, il conviendra de les jeter.

Réalisez une première cuisson, en recouvrant les baies d’eau (veillez à mettre le minimum d’eau), cuire 10 minutes à feu moyen. Cela va permettre l’éclatement des baies et facilitera leur passage à l’étamine (ou passoire à grille fine) afin d’éliminer les graines (qui contiennent des composés cyanogènes = toxicité). Gardez l’eau de cuisson, ajoutez-y vos baies et faites ensuite bouillir la préparation à petit feu jusqu’à réduction au deux tiers du liquide. Laissez refroidir, pesez et ajoutez le tiers du poids restant en sucre ou en miel. Conservez dans une bouteille propre préalablement désinfectée à l’alcool. Ce sirop sera à prendre en cas de rhume, de grippe ou d’affection respiratoire virale ou bactérienne à raison d’1 cuillère à soupe le matin.

Baies crues : Certains auteurs recommandent, pour lutter ponctuellement contre la constipation, de consommer 1 cuillère à soupe de fruits frais, dans un yaourt par exemple.

Savez-vous qu’il est possible de réaliser de l’encre de baies de sureau (pour l’écriture) ?

Les baies de sureau sont en effet riches en anthocyanes, il s’agit de pigments bleus-violets que l’on retrouve dans les fruits, légumes et feuilles des végétaux. Ils sont considérés comme étant les plus puissants du règne végétal. Il est de ce fait possible de réaliser une encre avec les baies dont la couleur variera du bleu au violet selon la recette.

Ingrédients : 

1 litre de jus de baies de sureau (voir préparation)

2 à 3 sachets de thé noir

8 à 10g de poudre de pierre d’alun

8 à 10g de gomme arabique finement broyée

La préparation :

Broyer les baies dans de l’eau et laisser la préparation macérer pendant une journée, en cours de macération ajoutez-y vos 2 sachets de thé (le thé riche en tanins va permettre de fixer la couleur).

Le lendemain, filtrez le macérât obtenu et portez-le à ébullition afin de le faire réduire. Ajoutez la poudre d’alun et la gomme arabique, mélangez et continuez de réduire jusqu’à obtenir la concentration désirée. Mettre en pot.

Il ne vous reste plus qu’à vous munir de votre plus belle plume et de laisser les douces effluves de l’encre de sureau titiller votre inspiration !

Sources :

https://www.lamaisondusureau.com/

https://www.lechemindelanature.com/

« Grand manuel de phytothérapie » D’Eric LORRAIN

https://www.bretagne.com/fr/la-bretagne/sa-culture/ses-legendes/samain

Valérie Lenfant

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